PRESENTATION

  • OBJECTIF GENERAL DU PROJECT

    Le but de ce projet est de contribuer à la documentation et à la description de langues du Sénégal et au classement des langues du groupe atlantique.

    Un inventaire actualise des langues du Senegal
    Cet inventaire permettra de définir des priorités en repérant les langues les moins documentées et/ou les plus menacées de disparition. Les descriptions effectuées sur ces langues contribueront de façon considérable à la connaissance des langues du Sénégal, et à la sauvegarde des langues en danger de ce pays.

    Une contribution africaniste a la typologie generale et au classement genetique des langues
    Par ailleurs, grâce à cette documentation systématique, ces données et analyses apporteront une contribution africaniste à la typologie générale et au classement génétique des langues, fondée sur un matériau descriptif de grande ampleur. Ainsi, ce projet vise d’une part à compléter et rendre accessible la documentation et la description linguistique, par une réponse graduée aux urgences liées à l’inventaire des langues en danger, afin d’obtenir un tableau de l’ensemble des langues de ce pays qui constituera une base de données systématique pour la patrimonialisation et l’analyse linguistique par la constitution de corpus audio et vidéo de qualité professionnelle, des descriptions linguistiques d’un maximum de langues allant d’une esquisse grammaticale à une synthèse complète.

    Une avancee particuliere dans la connaissance de la famille atlantique
    D’autre part, cette documentation permettra une avancée particulière dans la connaissance de la famille atlantique. L’ensemble de ces recherches constituera un outil précieux pour une révision argumentée de la classification encore controversée des langues de cette famille. La documentation des langues du Sénégal fournira le matériau de base qui fait actuellement défaut pour les analyses comparatistes sur les langues du groupe atlantique. Celles-ci doivent à terme permettre une révision argumentée de la classification en mettant notamment à plat la question de la dialectalisation des langues du Sénégal.

    PARTICULARITES DU PROJET

    Un des rares projets de documentation des langues de tout un pays et certainement le seul en Afrique de l'Ouest
    Les études sur les langues d’Afrique subsaharienne de la famille Niger-Congo sont sur le plan international essentiellement centrées sur les langues bantoues. Le LLACAN est l’un des rares centres d’analyse de linguistique africaine à se consacrer à l’analyse d’autres langues de cette zone (langues atlantiques, mais également langues mandé, langues adamawa-oubangui, langues igboïdes…). En développant ce projet, il permet le rassemblement des chercheurs dispersés de par le monde sur une famille de langues peu connues et dont le champ d’investigation reste largement à défricher.

    Couplage entre collecte de donnees et analyses linguistiques (description, typologie et comparatisme)
    Du point de vue scientifique, les particularités de ce projet tiennent au couplage entre collecte de données et analyses linguistiques (description, typologie et comparatisme), au fait que les descriptions linguistiques vont au-delà de l’aspect phonologique et morphologique, ainsi qu’à l’utilisation systématique des outils informatiques (logiciels d’analyse phonétique, de transcription et d’alignement linguistique, outils d’archivage aux standards normalisés). Les données ainsi recueillies, organisées et transcrites resteront la propriété des chercheurs, mais elles auront également vocation à être déposées dans un centre de ressources tel que le CRDO et par la suite dans le très grand équipement du CNRS, ADONIS. Cette mise en ligne doit permettre une valorisation et une préservation, elles aussi originales pour les langues africaines. Enfin, les corpus mis en ligne fourniront des bases de données originales pour des spécialistes de différentes sciences sociales (spécialis tes de différentes thématiques linguistiques, mais aussi d’anthropologie, sociologie, littérature…).

  • COMPETENCES EXCEPTIONNELLES REUNIES

    Ce travail d’ensemble est permis par la réunion exceptionnelle des compétences :
    - 5 chercheurs, 2 ingénieurs et 7 doctorants ou post-doc du LLACAN (Laboratoire Langage, langues et civilisation d’Afrique Noire)
    - 2 linguistes africanistes et 1 doctorante du laboratoire DDL (Dynamique du Langage)
    - 2 experts européens
    - 6 linguistes de l’Université de Dakar
    Bien que réuni pour la première fois autour d’un projet commun, tous les membres ont déjà entretenu des collaborations de travail. Cette première centralisation des forces sur les langues atlantiques va permettre d’amplifier les collaborations entre les linguistes européens et sénégalais. Cette collaboration conduira à des enrichissements entre linguistes extérieurs et linguistes natifs, à des alliances entre spécialités (alphabets, transcription et phonétique, entre grammaire et discours, travail de corpus et informatique…). Cette mutualisation des compétences dans la description et la mise en forme des données recevra également l’appui de deux experts étrangers membres de projets sur des langues en danger (F. Lüpke à Londres et M. Mous à Leiden). Cette spécialité et cet encadrement sont nécessaires de part la situation particulière que représente la description des langues n’ayant plus que quelques locuteurs souvent âgés impliquant des conditions de terrains particulièr es qui ne sont pas connues de tous les membres.

    LANGUES EN DANGER

    Bien que l’appel lancé par les amérindianistes au début des années 90 sur l’urgence d’une documentation accélérée des langues en danger ait été entendu, le continent africain est loin d’avoir reçu autant d’attention que les autres parties du monde. Sans doute parce que ce phénomène est considéré par une partie de la communauté des linguistes comme moins urgent sur ce continent (Mufwene, 2003) ou comme un phénomène naturel (Ladefoged, 1992). Il est vrai que la situation sociolinguistique d’Afrique est différente par exemple des Amériques ou de l’Australie, régions où sont concentrés la plupart des projets sur les langues en danger. Les langues véhiculaires en Afrique sont généralement des langues locales. La situation du Sénégal en est une bonne illustration. À l’heure actuelle, le wolof, en tant que langue véhiculaire, est parlé par plus de 90% de la population comme langue première ou langue seconde. Cependant, la disparition à court ou moyen terme des autres langues de ce pays, même remplacé par le wolof (langue locale), n’amoindri en rien la perte de la diversité linguistique, ni de la diversité culturelle du Sénégal.

    Par ailleurs, si certains projets des fondations telles que Volkswagen ou HRELP portent sur des langues africaines, ils portent sur des langues isolées. D’une façon générale, l’Afrique ne compte aucun projet de telle ampleur en lien avec le phénomène de mort des langues et ne compte que très peu de projets de cette ampleur sur le plan description et documentation des langues d’une région. Avec un tel projet, la France aurait une longueur d’avance.