Introduction
/Si l’on excepte le cas du peul et du wolof, l’état de la documentation des langues du Sénégal est insuffisant et très inégal. Certaines langues menacées de disparition ne sont pas du tout décrites. Il n’y a, par exemple, quasiment aucune documentation sur les langues bapen et safen. Pour deux langues tenda, le basari et le bedik, il n’existe que les travaux de Ferry M-P. (1968, 1991) portant sur le lexique et l’alternance consonantique. La plupart des autres langues ne sont décrites que partiellement, soit par des travaux sur un seul aspect de la langue (phonologie, morphologie ou système verbal, par exemple voir par un simple article ponctuel comme pour le bainunk (Doneux, 1978) ou le diola karon (Galvagny, M.-H.. 1984.), soit par des descriptions très sommaires (biafada (cf. ouvrages de Wilson), khasonke par exemple). Enfin, dans certains cas, la dialectalisation masque une importante diversité linguistique : derrière le nom d’une langue se cachent en fait un groupe de langues réellement différentes considérées, à tort, comme des divers parlers (cf. le cas du « joola »).
Les langues qui seront décrites dans ce projet ont été choisies selon les critères suivants :
Le projet porte sur les langues parlées au Sénégal, la plupart des langues documentées seront par conséquent des langues atlantiques du groupe Nord. Les langues du projet qui ne font pas partie du groupe atlantique sont des langues mandé et un créole à base de portugais. Certaines de ces langues ne sont généralement pas reconnues comme des langues parlées au Sénégal. Il s’agit en fait de langues frontalières avec la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry ou le Mali. La majorité des locuteurs de ces langues sont situés dans ces pays limitrophes et donc considérés comme des langues de ces pays et non du Sénégal. Cependant, ces langues répondent au moins à l’un de nos critères, langues les plus menacées, ou existence de très peu de documentations. Nous ne les avons donc pas exclues de nos recherches.